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"Le pays Fañch c'était : Corlay, St Nicolas du pélem et la moitié de Gouarec, Laniscat , St Gelven, St Igeaux. L'autre côté : Mellionnec, Lescoët, Perret, qui étaient pourtant communes de Gouarec faisaient partie du pays Guénédour et parlaient le breton du morbihan qui différait beaucoup du notre : Fañch"
Henri p.48
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Pays fañch et tour de Babel : |
Le Breton
Langue celtique, la dernière représentante en Europe continentale, elle fait partie avec le gallois et le cornique de la branche brittonique (il n'existe plus d'intercompréhension entre ces langues) par distinction à la branche gaélique (irlandais, gaélique d’Écosse, mannois). Elle est introduite en Armorique (où était déjà parlé une langue cousine : le gaulois, autre langue celtique) par les immigrant bretons du sud du Pays de Galles et de Domonée (dont fait partie la Cornouaille anglaise), fuyant les saxons et les pirates gaëls. Nous sommes aux alentour du Vème siècle (des échanges existaient alors déjà des deux côtés de la manche). La langue s'étend |
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HG :Jean IV de Bretagne, premier à employer le terme gallo en 1358
HD :"Le roman d'Aiquin" : une chanson de geste bretonne qui dès le 12ème Siècle contient nombre de termes gallo BG : Promotion du gallo par les associations culturelles BD : Logo Bretagne gallèse |
Le Gallo
Cette hiérarchisation prend racine aussi de l'autre côté de la "ligne Sébillot" (frontière linguistique) qui parle le gallo (du breton "gall" : "celui qui ne parle pas breton", ou encore "étranger" ou "français") : langue romane d'expression populaire, langue d'oïl dont les premières traces écrites remontent au XIIème siècle. S'il les préjugés tenaces associent le gallo à un "français mal parlé", il serait dommage de réduire ce dialecte directement issu du latin populaire à une déformation du français, ce qui serait totalement inexacte. Le gallo repose sur un substrat latin et germanique (issu du francique, langue germanique des francs, dont la langue, contrairement à une idée répandue, n'était pas le français). On y retrouve encore une forte influence sémantique gauloise et aussi des traces de breton, voire de norois issu des invasions vikings. Il n'est pas encore acquis que toutes les personnes parlant cette langue se reconnaissent comme parlant "gallo", et |
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"En 1925, le linguiste Albert Dauzat met en doute « la fixité » de la frontière linguistique et vient en Bretagne enquêter sur place. Il choisit de mettre l’accent sur les progrès du français. Il reconnaît pourtant que « si on laisse au breton toutes les communes où l’on [le] parle encore, la limite de 1886 n’a guère varié. » Il n’en pronostique pas moins son abandon pour « bientôt » à Plouha comme dans la presqu’île de Rhuys." |
Si parler de « fontière » peut-être réducteur concernant une langue (car évoluant au fil du temps et pas forcément hermétique), il peut être utile de rappeler l'état de recul vers l'Ouest de la limite linguistique jusqu'au XXème. On constate dans ces villages « frontaliers » d'où est originaire Henri l'imbrication d'éléments culturels et langagiers venant de Haute-Bretagne (la langue parlée y est le gallo, langue d'oïl dérivée du latin populaire). Par la langue, c'est tout une culture qui est véhiculée, les frontières la contenant en favorisent l'intégrité. Pourtant, comme le décrit Henri, beaucoup de coutumes transgressent ces limites allègrement, jusque dans le vocabulaire employé. C'est vrai surtout dans cette zone tampon où ce côtoient breton, gallo et bien sûr français (la frontière linguistique traverse Corlay et le Haut-Corlay, les chefs lieu de canton et villes étant les premiers gagnés par le français, qu'ils soient proches de la frontières ou non), ce qui donne une idée du « bain culturel » lors des foires et marchés à Corlay. Quant au dialecte "fañch" qui y est parlé, à cheval sur les parlers du Trégor – Goëlo, de la cornouaille et du vannetais, il présente déjà en soit une richesse et une diversité assez remarquable.
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