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"Il y avait certaines personnes qui étaient sujettes à voir ou à entendre ces choses. Il y avait surtout une au Petit Paris (Canihuel) qui avait le rôle de sage femme dans le coin et qui ensevelissait aussi les morts. Elle disait qu'elle entendait et voyait souvent les enterrements qui passaient devant le Petit Paris , avant que cela ait eu lieu."
Henri, p.36
Il parlait beaucoup de revenants et y croyait bien : ils ne faisaient de mal à personne. ils demandaient des messes et des prières et aussi de faire pour eux certaines choses qu'ils auraient du faire pendant leur vie et qu'ils n'avaient pas fait : voyage à St Anne d'Auray ou autres pélerinages. On croyait beaucoup à ces choses-là car il y avait des personnes très sérieuses qui disaient en avoir vu.
Henri, p.38
"Il [le frère d'Henri] a voulu d'abord changer de place aux poules mais ma mère ne voulait rien entendre, cependant, un jour que nos parents étaient absents étant allés à une foire à Corlay, Eugêne nous a demandé de l'aider et nous avons installé un perchoir dans l'écurie des chevaux et nous y avons mis les poules avant que nos parents étaient revenus. Notre mère était très fâchée et avait pleuré disant que ses poules n'auraient pas pondues comme avant. Toujours est-il que nos poules ne sont plus revenues dans notre chambre".
Henri, p.38
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[Parlant des événements surnaurels]:
« Les gens disaient que le curé ne changeait plus de côté au livre d'évangile de la même façon. Il le passait devant lui au lieu de le tourner vers les assistants et c'est pour cela que l'on ne voyait plus toutes ces choses comme avant »
Henri, p.58
Doté d'une aura mystérieuse qui confère au livre une place bien particulière dans l'imaginaire de nos pères, on associe souvent les tours de fizik (la physique en gallo) à un grimoire (levr fizik) dont le nom et l'origine varie suivant la zone (agrippa, livre rouge, dragon rouge, an Négromans, ar vif, livre de Salomon). Seuls les prêtres devaient les posséder, ce qui leur permettaient, dit-on de pratiquer la magie. Le procédé rituel était bien gardé : il consistait à lire le livre à l'envers... Cette technique est racontée dans une histoire trégoroise où l'un de ces livres se retrouve par inadvertance entre des mains non averties : |
Tal en orakter pa ez deus Plouzelambr da Dreduder a oa unan eno, ma kerez, eñ oa ul Lukas deus Plouzelambr, hag a nevoa levrioù fall a veze ret distreiñ nehe 'wit gallout lenn 'nehe tout hag unan deus e vugale neva kavet ul levr d'he dad evel-se e-pad an ofernn hag an tad hag ar vamm a oa en ofernn a oa goulennet 'vel-se gan ar person e-barzh ar sarmon : « Pehini amañ meañ, neus levrioù ha n'eo ket sañset ar vugale, feiz, da lenn 'nehe ? ». Ah fidamdoulle, hag eñ da sevel da gerzhet d'ar ger hag a-benn neuze oa leun ha leun a vrini en dro d'ar paotr bihan a dalc'he da lenn, dalc'he da lann. Leun a vrini en dro d'an ti ha partout hag eñ, addistrein, adlenn ar pezh neva lennet ar paotr bihan ha neuze oant dispareset.
Près de l'oratoire, quand on va de Plouzélambre à Tréduder, il y avait un, si tu veux, un Lucas de plouzélambre qui avait des mauvais livres qu'il fallait détourner (lire à l'envers) pour pouvoir les lire, et l'un de ses enfants avait trouvé le livre pendant que son père et sa mère étaient à la messe et le prêtre avait demandé au cours de son sermon : « Qui ici a des livres que leurs enfants ne sont pas censés lire ? Nom de nom, le père se lève, et se précipite chez lui et alors, il y avait une multitude de corbeaux autour du petit qui continuait à lire, à lire. Plein de corbeaux autour de la maison, partout, et lui avait détourné, avait relu à l'envers ce que le petit avait lu, et alors les corbeaux avait disparu.
Enquête DG, Marie Unvoas, le Vieux-Marché, 1979
cité par Daniel Giraudon, sur les chemins de l'ankou, 2012
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"Soit disant qu'il y en avait qui « prenaient la force » comme ils voulaient, ils prenaient celle des bêtes qui étaient dans les champs en allant aux soirées où il y avait des tours de forces, et des gars qui n'avaient pas l'air bien costaud battaient facilement d'autres apparemment beaucoup plus fort. Il paraît que les bêtes auxquelles on avait pris la force restaient couchés d'ici que les gars rentraient de leurs soirées"
Henri p.52
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Il y avait aussi la sorcellerie à laquelle on croyait et il y avait des cas assez drôles : des gens qui prenaient le beurre des autre ! C'était surtout des femmes qui avaient cette réputation et qui étaient connues dans le pays. On les appelaient « les ribautouses »
Henri, p.36
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« Dans certaines circonstances on voyait aussi un chien noir qui suivait les gens. Il ne leur faisait aucun mal mais c'était quand même drôle on en avait peur... "
Henri, p.58
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« Il y en avait qui disaient que les prêtres jouaient de ces tours aux gens, mais je me demande quel intérêt ils avaient à le faire. »
Henri p.58
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"La charrette de la mort c'était encore une chose à laquelle on croyait bien. Nombreux étaient ceux qui l'avait entendu. Quand nous marchions dans les chemins ou les routes à minuit et plus tard, on disait qu'il fallait aller toujours par les bords et laisser le millieu à l'ankou et ceux qui prenaient le milieu étaient balancés dans le fossé."
Henri p.56
« Un domestique de ferme avait fait un trou avec une pioche au milieu de la route et planté une bêche debout dans le trou, parce qu'il entendait passer la charrette presque tous les soirs ; il pensait lui jouer un tour. Mais voilà que sur le coup de minuit il vit un squelette horrible avec une chandelle allumée dans sa main devant son lit et de l'autre main, l'arracha de son lit et lui dit avec une voix lugubre de venir réparer le mal qu'il avait fait.»
Henri, p.58
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