Evénement marquant de la société paysanne, le mariage réinscrit et pérennise dans la chaîne communautaire l'âme du groupe par le jeu des alliances entre individus issus de ce même milieu. A l'heure où l'intérêt qui lui est porté diminue, on doit y voir à cette époque un vrai rite de passage, celui de la jeunesse à l'état d'adulte.
« Les défilés de mariage à la campagne se faisaient en char à banc au son de la clarinette dans notre région de Corlay » Henri
Ici des sonneurs de treujenn gaol lors d'un mariage à Peumerit-Quintin (photo Jean Gouriou)
Il s'agit probablement du « ton evit kuitaad an ti » (air pour quitter la maison) entonné par un sonneur qui attend la mariée à la sortie de la maison et qui sera bientôt rejoint par un cortège les accompagnant jusqu'à l'église. Quand ce n'est pas le char à banc, comme ici, c'est le cheval. Si la musique inaugure le processus de célébration, elle le soutient allègrement jusqu'au bout. Cela peut durer deux ou trois jours. Après la célébration religieuse, la dañs an eured (danse d'honneur) marque la transition entre l'instant religieux et l'instant profane. La dañs ar rost qui précède le repas peut elle durer près de deux heures. Le ton ar chezeg (air des chevaux) doit motiver les chevaux à la course qui est organisée pour l'occasion. L'air entonné est souvent une variante locale de « monsieur Dumollet ». Une personne à Gouarec se rappelle : « il y avait un cheval , là bas, qui allait toujours dans les noces. On mettait des rubans sur la tête des chevaux. Et celui il ne faisait rien que d'aller dans les noces. Alors même quand il n'était pas demandé, quand il entendait la musique, il partait tout seul. Il arrivait le premier encore, avec personne sur son dos ! Iil s'appelait Loig, je me rappelle bien. Un noir là. Y'en avait beaucoup qui venaient le chercher pour aller à la noce. On mettait des clochettes autour de son cou, des « gigliennoù »1
Enfin, après le repas, le bal de noce dont la première danse met en avant les mariés et l'entourage proche. Ces mariages où chacun pouvait venir s'amuser sans attendre d'invitation pouvaient rassembler jusqu'à plusieurs centaines de personnes. Pour les bancs et tables : on peut parfois voir creuser à la pelle des tranchées parallèles, puis sur la partie haute du talus, on y appose des planches.
« Pour que l'on assiste à la messe, les mariages n'avaient pas lieu le samedi. » Henri On voit bien ici la portée de l'église dans l'organisation de la vie collective, les interdits religieux se sont longtemps cristallisés autour de la pratique de la danse, et ici pas question de manquer l'office du dimanche, la célébration d'une union ne saurait rivaliser avec.